Montréal, le 18 février 2020 – Le GIEC est le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il s’agit ni plus ni moins de la référence en ce qui concerne les évaluations scientifiques reliées aux changements climatiques. L’organe est sous l’égide de l’ONU et vise à renseigner, sur une base régulière, la classe politique mondiale quant aux dangers des changements climatiques et aux stratégies à adopter.

Ainsi, lorsque le GIEC parle, il faut l’écouter !

Malheureusement, le Canada semble faire la sourde oreille lorsqu’il est question de prendre des mesures drastiques afin d’empêcher la hausse des températures à plus de 2 degrés. L’un des plus récents exemples de cet aveuglement volontaire est le projet minier Teck Frontier.

Le Projet Teck Frontier

Ce projet, situé entre Fort McMurray et Fort Chipewyan au nord-est de l’Alberta, consiste en une mine visant la production de sable bitumineux. Cette cicatrice paysagère défigurerait près de 24 000 hectares et produirait 4,5 mégatonnes de dioxyde de carbone chaque année. À terme, ces installations visent à produire approximativement 260 000 barils de pétrole par jour qui seraient transportés par oléoduc.

Pour le promoteur, ce projet représente 7 000 emplois temporaires lors de la période de construction et 2 500 permanents afin de maintenir les activités sur une durée de 41 ans. Ces données semblent elles aussi étonnantes compte tenu de la rapide automatisation des camions de transports notamment.

Au niveau financier, le promoteur projette des retombées économiques de près de 55 milliards pour le gouvernement provincial de l’Alberta. Pour le fédéral et le municipal, il s’agirait respectivement de 12 milliards et de 3,5 milliards.

Ce que le promoteur oublie habilement d’ajouter, c’est l’ensemble des coûts négatifs relatifs à un tel projet et qui est évidemment incombent aux gouvernements fédéral et provincial. Parmi ceux-ci, on dénote le coût du développement des camps de base qui seront nécessaires pour accueil les travailleurs. Ces derniers devront être desservis en eau de même qu’en électricité. À cela s’ajoute l’ensemble des coûts en santé causé par ces activités minières, de même que les coûts de nettoyage du site une fois la mine fermée. Il est d’ailleurs possible d’envisager que d’ici les quarante et une prochaines années, le Canada aura signé des accords contraignants au niveau de sa production de GES. Des accords de ce type pourraient forcer l’achat de crédit carbone afin de maintenir les activités de la mine. De fait, ces retombées sont à prendre avec des pincettes.

Des évaluations gouvernementales douteuses

Aux yeux l’Agence canadienne d’évaluation environnementale et de l’Alberta Energy Regulator, qui ont formé le panel d’évaluation du projet, ce dernier doit aller de l’avant. Cette décision peut sembler étonnante compte tenu des informations disponibles dans leur rapport d’évaluation. En effet, selon eux ce projet causerait la destruction permanente de nombreux habitats et milieux humides qui constituent près de la moitié du site. Cela aurait une influence néfaste importante sur les troupeaux de bison de même que les caribous de la région. C’est une superficie de deux fois l’île de Vancouver qui serait sujette à la coupe à blanc.

Qui plus est, le panel souligne les conséquences pour les premières nations dont leur mode de vie traditionnel serait menacé, de même que les savoirs s’y rattachant. Malgré cela, de nombreuses communautés ont déjà signé des accords avec la compagnie minière. Ici, il est loin d’être question d’enthousiasme de la part de ces derniers; il s’agit plutôt d’être en mesure de profiter financièrement d’un projet qui semble inévitable.

Quoi qu’il en soit, les retombées économiques mentionnées plus haut seraient, aux yeux du panel intergouvernemental, des justifications suffisantes pour aller de l’avant avec le projet. Il faut dire que les milliards de dollars que fait miroiter le promoteur se fondent sur une estimation du prix du baril de pétrole à 95$. Cette estimation semble très utopique, compte tenu du prix actuel se situant davantage autour d’une cinquantaine de dollars et n’ayant jamais dépassé la barre du 75$ depuis près de six ans. Visiblement, la compagnie Teck fait le pari que le tournant vert du Canada sera très timide.

Les GES : le nerf de la guerre

Selon les engagements entrepris par le Canada à Paris lors de la COP 21, le Canada est limité à la production de 168 mégatonnes de GES d’ici 2050. Ainsi, voir un projet produire annuellement 4,5 mégatonnes de dioxyde de carbone à lui seul est aberrant. Le double discours de M.Trudeau ne peut plus durer, il faut prendre position de façon claire et agir de façon concertée afin de faire face au plus grand défi de notre époque.

Le projet doit être approuvé d’ici la fin du mois par les autorités fédérales. Il est donc primordial de faire valoir notre opposition à ce projet. N’hésitez pas à faire part de votre réticence par courriel au bureau du premier ministre au https://pm.gc.ca/fr/nous-joindre/contact. Vous pouvez aussi appeler directement au bureau de circonscription de M.Trudeau au 514-277-6020. Les réseaux sociaux sont une autre méthode de faire entendre votre voix via notamment le mot-clic #RejectTeck.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here