La Loi sur la laïcité de l’État ou la loi 21 adoptée le 16 juin 2019 par le gouvernement du Québec, continue à faire débat au-delà des frontières québécoises. Le conseil municipal de Brampton, en Ontario, a décidé d’octroyer 100.000$ à des organismes qui contestent la loi 21. Le maire de Brampton a lancé par la même occasion un appel aux grandes villes canadiennes d’emboiter le pas et d’aider financièrement les organismes qui contestent cette loi qu’il trouve discriminatoire. Le débat sur les applications de la loi a refait surface récemment quand une enseignante de Chelsea, en Outaouais, a été retirée de sa classe d’une école primaire parce qu’elle portait le voile.
Au nom du Parti Vert du Québec, je salue le courage de cette décision. Là où certains partis politiques voient de l’ingérence j’y vois du courage. Nous sommes rendus à 2 ans depuis l’adoption de la loi 21 et elle continue à faire débat et à créer de l’émoi chaque fois qu’on voit les conséquences de son application sur les personnes qui portent un signe religieux. On comprend que le sujet est loin de faire l’unanimité même ici au Québec. La question à se poser depuis l’adoption de la loi 21 est de savoir si on doit continuer à être spectateur devant une loi qui brise la protection et le respect accordés à la liberté religieuse et à d’autres libertés fondamentales inscrites dans la Charte canadienne des droits de la personne ? Doit-on continuer à fermer les yeux sur une loi qui ruine la carrière et la vie de personnes issue de minorités ? Doit-on rester silencieux à une loi qui dit qu’une femme qui fait le choix de porter un voile ne peut pas occuper n’importe quel emploi parce qu’elle porte un hijab? La réponse du Parti Vert du Québec est non! C’est pourquoi, nous sommes en accord avec l’appel lancé par le conseil municipal de Brampton aux municipalités canadiennes de contribuer financièrement pour soutenir les organismes qui contestent la loi 21. Comme les villes de Brampton et Toronto nous soutenons les Québécois.es qui trouvent que cette loi brime leurs droits et décident de se tourner vers les tribunaux pour défendre leurs droits.
Entendre des députés du Bloc Québécois, du Parti Québécois et le premier ministre Legault dire que le Canada ne devrait pas offrir de l’aide juridique à travers le Programme de contestation judiciaire contre la loi 21 est assez contradictoire car de l’autre côté ce même programme a souvent servi aux minorités francophones hors Québec pour contester des décisions prises par des gouvernements provinciaux. C’est donc dire que ce programme est valable pour certaines contestations et par pour d’autres. Le Programme de contestation judiciaire est un programme indépendant du gouvernement administré par l’Université d’Ottawa qui vise à fournir « un appui financier aux individus et groupes au Canada pour qu’ils présentent devant les tribunaux des causes d’importance nationale liées à certains droits constitutionnels et quasi constitutionnels en matière de langues officielles et de droits de la personne. » C’est une belle opportunité pour les personnes et organismes d’œuvrer pour la défense des droits avec des moyens. Si ce programme peut servir pour contester la protection de notre chère langue le français, aux personnes ayant une expression de genre genderqueerer ou non binaire et contre les abus subis par les enfants autochtones dans les pensionnats, il peut aussi servir pour contester une loi qui contrevient à la Charte des droits et libertés, qui interdit toute discrimination sur la base du sexe, de la religion ou de la race.
Je me suis lancée en politique avec le Parti Vert du Québec parce que j’étais fatiguée d’être spectatrice du manque d’audace des actions politiques en faveur de l’environnement et de la justice sociale. Ce qui est certain, un gouvernement vert abolira cette loi. Nous travaillerons davantage à favoriser le vivre ensemble et on s’assurera que chaque citoyen et citoyennes du Québec se sentira à sa place peu importe sa religion, son sexe et sa race.
Halimatou Bah
Cheffe adjointe du Parti Québec du Québec