Un texte d’Alice Sécheresse, porte-parole en Condition Féminine.
« “Pourquoi le mot féministe ? Pourquoi ne pas simplement dire que vous croyez aux droits humains, ou quelque chose comme ça ?” Parce que ce serait malhonnête. Le féminisme fait bien sûr partie des droits humains en général, mais choisir d’utiliser l’expression vague des droits humains revient à nier le problème spécifique et particulier du genre. Ce serait une façon de prétendre que ce ne sont pas les femmes qui ont été exclues pendant des siècles. Ce serait une façon de nier que le problème du genre cible les femmes.»
Chimamanda Ngozi Adichie, “We Should All Be Feminists”
Au cours des dernières années, nombreuses sont les femmes qui sont sorties du silence au sujet de leurs souffrances, encouragées par une vague de changements dans divers milieux professionnels. Effectivement, les mouvements tel que #metoo ou #balancetonporc ont permis à plusieurs de mettre de l’avant les réalités quotidiennes vécues par une majorité de la population, tant au travail que dans l’espace public.
Alors que l’attention médiatique est rivée sur l’affaire SNC-Lavalin, aujourd’hui, nous célébrons la journée internationale des femmes, une opportunité pour tous et toutes de revenir sur les combats récents et de réfléchir plus sérieusement, collectivement, aux solutions possibles pour contrer les difficultés auxquelles font face les femmes du Québec et d’ailleurs. N’oublions pas que cette journée n’est pas seulement une journée de célébration mais aussi de lutte globale, au nom des droits des femmes et et de l’égalité des sexes.
Harcèlements de rue, « cat-calling », cyberbullying, harcèlement au travail, agressions sexuelles, violences domestiques, et nous en passons, sont des réalités qui touchent disproportionnellement plus les femmes que leurs confrères. Il est important de se rappeler aussi que toutes les femmes ne sont pas victimes de ces actes au même degré. En effet, les femmes de minorités ethniques ou religieuses sont plus touchées par ces violences et n’ont malheureusement pas accès aux mêmes ressources, si elles y ont accès tout court. Selon les Nations Unies, une femme sur trois est victime de violences dans sa vie. Pourtant, nos institutions et les services offerts par nos gouvernements ont rarement la sécurité des femmes en tête lors de leurs implémentations.
Il est grand temps de recentrer les discussions sur les victimes et non les agresseurs. Il est grand temps de mettre en avant des services adaptés. Il est grand temps pour nos écoles et nos universités d’élever nos jeunes filles, mais aussi nos jeunes hommes, différemment. Il est grand temps d’inculquer des valeurs adaptées à notre société soi-disant moderne: des valeurs d’entraide, d’inclusion et de respect.
Il est primordial de refléter sur les discours que nous prononçons, en tant que féministe ou autre, afin d’inclure toutes les strates de femmes. L’exclusion des femmes musulmanes de l’espace public au Québec, ainsi que les nombreux débats entourant le port du voile, sont des obstacles importants quant à leurs développement et leurs réalisations. C’est une discussion qui est trop souvent détachée de son contexte et entourée de fausses idées, de faux propos et d’hypocrisie. Il est grand temps de permettre à celles-ci de prendre la parole, pour ELLES et de ne pas leurs imposer un discours occidentalisé et colonialiste. Une loi qui impose un vêtement à une femme est une loi qui va à l’encontre de sa liberté ! Les temps ont changé, c’est le moment pour nos discours d’évoluer.
Il y a des lois qui doivent être renforcées, des préjugés qui doivent tomber, des tabous qui doivent être adressés et des réalités qui doivent être dévoilées. En ce 8 Mars 2019, parlons !
Un texte d’Alice Sécheresse, porte-parole en Condition Féminine.
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