Texte d’Alain Joseph, étudiant en enseignement à l’UQAM et ancien candidat du Parti Vert du Québec dans Mille-Îles. Édité par Ismael-Denis Coridon et Marc-Antoine Morin.
L’annulation de 18 000 dossiers d’immigration dans un contexte de pénurie de main d’oeuvre?
Depuis plusieurs années au Québec, il est désormais question pour certains tenants d’un nationalisme identitaire, d’une réduction du nombre d’immigrants reçus au Québec. Cependant, pour les hommes d’affaires et entrepreneurs, il est primordial que de pallier au manque criant de travailleurs dans certains secteurs économiques.
Suite à la récente élection de la Coalition avenir Québec, le ministre Simon Jolin-Barrette a décidé de plaire à cet électorat identitaire qui l’avait élu, en procédant très rapidement dans le dossier de l’immigration. De fait, lors des élections, ce gouvernement avait promis de réduire à 40 000 le nombre d’immigrants reçu par année, au Québec. Mais, rappelons-nous, du maire Labeaume et de ces entrepreneurs de la capitale nationale, qui dénonçaient leurs incapacités à combler les postes à pourvoir. Il appert toutefois, que le ministre responsable du dossier de l’immigration, a décidé de faire fît des doléances des entrepreneurs aux prises avec des retards sur les carnets de commandes, faute de main d’oeuvre. Alors, il est juste de se demander à ce stade-ci, comment ce gouvernement caquiste a-t-il pu annuler près de 18 000 dossiers d’immigration, sachant que plusieurs secteurs de l’économie québécoise sont confrontés à cette pénurie d’employés? L’idéologie caquiste jouxtée aux promesses électorales constitue l’aspect premier que je développerai dans ce texte. Puis, l’ambivalence des choix se présentant à ce gouvernement sera le second point abordé. Et finalement, la prise en compte de la Realpolitik dans l’élaboration de ce décret ministériel mettant fin au traitement desdits dossiers viendra soutenir notre compréhension du geste posé par le ministre Simon Jolin-Barrette.
Suite à la récente élection de la Coalition avenir Québec, le ministre Simon Jolin-Barrette a décidé de plaire à cet électorat identitaire qui l’avait élu, en procédant très rapidement dans le dossier de l’immigration. De fait, lors des élections, ce gouvernement avait promis de réduire à 40 000 le nombre d’immigrants reçu par année, au Québec. Mais, rappelons-nous, du maire Labeaume et de ces entrepreneurs de la capitale nationale, qui dénonçaient leurs incapacités à combler les postes à pourvoir. Il appert toutefois, que le ministre responsable du dossier de l’immigration, a décidé de faire fît des doléances des entrepreneurs aux prises avec des retards sur les carnets de commandes, faute de main d’oeuvre. Alors, il est juste de se demander à ce stade-ci, comment ce gouvernement caquiste a-t-il pu annuler près de 18 000 dossiers d’immigration, sachant que plusieurs secteurs de l’économie québécoise sont confrontés à cette pénurie d’employés? L’idéologie caquiste jouxtée aux promesses électorales constitue l’aspect premier que je développerai dans ce texte. Puis, l’ambivalence des choix se présentant à ce gouvernement sera le second point abordé. Et finalement, la prise en compte de la Realpolitik dans l’élaboration de ce décret ministériel mettant fin au traitement desdits dossiers viendra soutenir notre compréhension du geste posé par le ministre Simon Jolin-Barrette.
Idéologie à saveur électoraliste
Dans un premier temps, nous devons comprendre l’idéologie sous-jacente aux actions du gouvernement caquiste. De part son programme et sa plateforme électorale, nous comprenons bien que ce parti se situe à droite de l’échiquier politique. Il a été élu en faisant campagne sur des principes très conservateurs.
Aujourd’hui, il livre la marchandise! diront certains.De fait, ce gouvernement tente par tous les moyens d’appliquer ce qu’il avait promis. «Pas l’temps de niaiser» ! Il est clair que ce gouvernement est animé par un désir réel de forger la société québécoise à son image. Nous ne pouvons dire que nous sommes surpris ou étonnés du fil conducteur menant aux changements législatifs proposés par le gouvernement. Soyons honnête, il nous avait clairement signifié qu’il abaisserait le taux d’immigrants reçus au Québec. Derrière cette rhétorique, il y a une un désir de préserver la culture québécoise de souche.
Depuis son accession au pouvoir, le gouvernement caquiste ne cesse de répondre de manière très méticuleuse aux aspirations et inquiétudes de son électorat. Disons le ainsi: « les caquistes sont déjà en mode, Objectif 2022 » Ce gouvernement n’est pas dupe ! Il est très au parfum de la pénurie de forces vives sur le marché de l’emploi. Néanmoins, le calcul politique en vaut la chandelle. Les électeurs lui ayant fait confiance sont emparés d’une peur identitaire telle, que François Legault et ses ministres s’attèlent corps et âmes à satisfaire ces derniers en vue du prochain rendez-vous électoral.
Ambivalence des choix
Rappelons-nous ce que nous disait François Legault pour vanter son équipe du changement: « Nous sommes une équipe composée de gestionnaires et d’entrepreneurs ». Aujourd’hui, il se doit de répondre au cri d’alarme de la Chambre de commerce de la capitale nationale et des agriculteurs du Québec, en ce qui a trait à la pénurie de main d’oeuvre. Il en va de la survie et de la croissance de certaines PME ( Petites et moyennes entreprises) ou fermes familiales. Ces derniers composent une bonne partie de l’électorat de la CAQ. Il y a des attentes énormes de la part de ces hommes d’affaires issus des couronnes de Montréal (Rive-Nord et Rive-Sud), des régions du Québec ainsi que de la capitale nationale. Alors que faire en ces temps de Lune de miel avec l’électorat ? Du coup, ce gouvernement est contraint de baisser le nombre d’immigrants tout en répondant au manque criant de main d’oeuvre en terre québécoise.
Selon Andrée-Anne St-Arnaud, journaliste à Radio-Canada,« d’après une nouvelle étude de la Banque de développement du Canada, 39 % des entreprises du Québec sont aux prises avec un tel phénomène et ces dernières vont en souffrir pendant au moins 10 ans». Ayant ces chiffres en main, le gouvernement actuel est clairement tiraillé quant à la façon de procéder. La prochain duel opposera-t-il: la question identitaire c. la croissance économique ? « Faites vos jeux, rien ne va plus !».
Realpolitik
Selon le Larousse, la Realpolitik se définit comme suit: « Stratégie politique qui s’appuie sur le possible, négligeant les programmes abstraits et les jugements de valeur, et dont le seul objectif est l’efficacité ».
Nous devons comprendre que ce gouvernement mène une politique basée sur l’atteinte d’objectifs pratiques. Il a compris que sa réélection passait par la nécessité de satisfaire son électorat. D’autant plus que les chiffres lui suggèrent que la pénurie d’emploi est là pour durer. Le choix devient donc clair pour les stratèges caquistes. Il y avait dès lors plus de gains électoraux à faire avec l’annulation des 18 000 dossiers que d’entrer dans des considérations humanitaires ou sentimentales.
Conclusion
Pour conclure, je considère que ce gouvernement est animé d’une logique purement électoraliste et populiste en vue du prochain scrutin provincial. De vrais gestionnaires! Si les statistiques sont de leurs côtés, il est garanti que les décisions en tiendront grandement compte. Ils ne font pas dans le sentimentalisme. De fait, l’idéologie de droite de la CAQ sous fond de promesses électorales, suivi d’une ambivalence quant aux choix à faire et finalement la Realpolitik comme boussole des actions à poser, sont ici des éléments explicatifs pouvant clarifier le geste posé par le ministre Jolin-Barrette, selon moi. De ce fait, le gouvernement caquiste, produit d’une coalition de mouvements politiques, nous prépare-t-il à une gouvernance s’apparentant à celle d’une PME? Là où le développement des politiques est basé sur des objectifs pratiques et d’efficacités. Dans le cas de ce gouvernement, l’objectif pratique est: sa réélection en 2022. La Realpolitik à la CAQ.
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