Texte de Robin Dick, porte-parole en matière de Revenu et taxation.
En octobre 2018, j’ai eu l’occasion de faire campagne dans la même circonscription que le ministre des finances actuel, M. Éric Girard. Homme affable et confiant, M. Girard nous disait souvent que M. Legault avait travaillé si fort qu’il méritait le titre de premier ministre du Québec. Lorsqu’on s’est trouvé sur la plateforme de train à Rosemère pour distribuer nos dépliants quelques jours avant l’élection, M. Girard me disait en riant : « Moi, je suis un ‘trader’; je fais de l’argent avec votre bourse de carbone! »
Dans son premier budget, on voit que M. Girard continue sur sa lancée, c’est à dire, la lancée du ‘business as usual’. Dès le préambule, on peut lire que son budget vise : “à répondre aux préoccupations de la population et à mettre en œuvre une vision à long terme qui permettra au Québec de maîtriser son avenir.”
Le problème, c’est que les jeunes qui ont occupés les rues de Montréal le 15 mars dernier, appuyés par des milliers de scientifiques à travers le monde, nous crient haut et fort que leur préoccupation première, c’est le réchauffement de la planète et les conditions auxquelles les êtres humains seront obligés de s’adapter dans un avenir proche. La “vision à long terme” de M. Girard sonne donc faux, car cette vision ne tient pas vraiment compte de ce qui se pointe déjà à l’horizon. On préfère poser quelques gestes plutôt symboliques (subventions pour l’achat des voitures électriques, subventions aux entreprises pour réduire leur empreinte écologique) au lieu de s’attaquer avec audace et courage au problème (réseau de transport en commun étendu et gratuit, taxe sur les émissions carbone, etc.).
Peut-on être contre les investissements en éducation, en santé, en services pour les aînés? Certainement pas. Le système d’éducation, surtout au niveau primaire et secondaire, a été laissé pour compte pendant trop longtemps. Quant aux aînés, on a tout intérêt à s’occuper d’eux car, comme dans la plupart des pays développés, notre population vieillit. Tout est dans le comment. Bâtir de belles écoles, c’est bien, mais largement insuffisant pour donner le goût aux jeunes de choisir la profession d’enseignant et d’y rester. Offrir des incitatifs pour que les plus vieux restent plus longtemps au travail, ce n’est pas mauvais mais ne règle en rien la solitude et l’abandon que vivent trop de nos personnes âgées.
Comme c’est le cas avec la nouvelle loi sur le port des symboles religieux, on voit que la CAQ se sent mandatée pour remplir ces promesses électorales coute que coute. En agissant ainsi, le nouveau gouvernement jette-il vraiment les “bases d’un Québec moderne et prospère dans lequel les générations futures pourront s’épanouir pleinement”? Au PVQ on en doute.
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