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Dans les années 60, mon père était enseignant d’anglais dans une école secondaire de Lethbridge, Alberta. Avec un salaire d’environ 6000$ par année, il était capable de subvenir aux besoins d’une famille de 4 enfants, payer l’hypothèque d’une maison modeste mais confortable et acheter une auto neuve tous les 4 ans. Ma mère, comme la plupart des femmes de l’époque, restait à la maison, j’ose croire par amour, mais c’était sans doute plus compliqué que ça. Une journée dans l’année, ma mère avait congé car à la fête desmères, papa nous amenait au restaurant, où on mangeait du poulet frit à la Kentucky. Mmmm que c’était bon!

En Février, nous avons fêté la 25ème semaine des enseignant-es. Parfois, j’ai l’impression que les journées de reconnaissance sont un peu comme ces fêtes des mères. C’est un effort de reconnaissance dérisoire, complètement disproportionné par rapport à l’effort fourni. On est content, bien sûr, car, comme les femmes d’autrefois, on a choisi ce métier par amour et non pour les récompenses matérielles ou sociales qu’il offre. Mais quand même, on souhaiterait que la reconnaissance, quand elle vient, soit plus soutenue et qu’elle ait un impact réel sur notre quotidien.

Dans l’ensemble, il semblerait que le métier d’enseignant se porte plutôt mal au Québec. Récemment, dans le Journal de Montréal, on a appris que le nombre de professeurs aspirants dans les universités québécoises a chuté de 30% en 10 ans et que, à moins que la tendance se renverse, on fera face à une pénurie d’enseignants d’ici quelques années. Je cite: “Le manque de reconnaissance envers cette profession mal aimée est évoqué pour expliquer la situation.” Et encore selon l’article, la taux de réussite des étudiants en éducation a également baissé de façon significative. Alors, non seulement sont-ils moins nombreux mais ils réussissent moins bien!

De plus, un prof sur quatre quitte le métier avant d’avoir fait 5 ans de service. Imaginez, après plusieurs années d’études, découvrir qu’il n’y a pas d’épanouissement dans le métier qu’ils avaient choisi!

Chez nous à Lionel Groulx, environ 10% de nos profs sont en arrêt de travail, souvent pour des raisons de santé mentale. La vie des précaires on le sait bien, est loin d’être facile: des tâches partielles dans plusieurs collèges en même temps, l’incertitude, des déplacements imprévus, de l’insécurité.

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