Un texte de Valérie Fortier, porte-parole de la région des Laurentides. 

J’aimerais vous amener dans cet article à réfléchir avec moi sur notre rapport avec l’eau au Québec. En effet, il y a quelques semaines, je me trouvais aux Pays-Bas et au Danemark pour un voyage personnel. Ces vacances m’ont fait un grand bien, mais m’ont aussi poussées à une panoplie de réflexions, que je souhaite ici vous partager.

Au restaurant, que ce soit autant à Amsterdam qu’à Copenhague, il fallait payer notre consommation d’eau. Parfois, il nous revenait même moins cher une consommation alcoolisée qu’un simple verre d’eau. Pourtant, ces deux villes, nominées parmi les villes les plus heureuses au monde, sont entourées d’eau et vantent le fait que les canaux et la mer Baltique ont été rendus potable suite à plusieurs interventions de WWF (WWF, 2017). Considérant ce point, je ne voyais pas la logique derrière le fait de payer pour une ressource accessible et si vitale pour notre survie. Mon conjoint, avec qui j’ai fait ce voyage, a soulevé la possibilité que le but était peut-être justement de sensibiliser les individus à reconsidérer leur relation avec l’eau pour la protéger et ne pas la gaspiller.

Selon Environnement et Lutte contre les changements climatiques du Québec, notre province possède près de 3% des ressources d’eau douce de la planète (2019). Pour ce qui est de la région des Laurentides, celle-ci rassemble environ 8000 lacs. Ce territoire est entre autres réputé pour son volet touristique, avec ses activités plein air comme la chasse, la pêche et ses sentiers propices aux véhicules tout-terrain. Il est facile de tomber en amour avec cette magnifique région. D’ailleurs, celle-ci a connu une augmentation démographique impressionnante au cours de ces deux dernières décennies. Or, je me questionne quant à l’effet des activités anthropiques dans cette région sur l’eau. Je crois qu’il est capital de prendre conscience que notre rapport avec l’eau est une responsabilité que nous devons tous prendre en charge.

Pour commencer, l’état d’un lac se qualifie pas sa fertilité. Celle-ci est évaluée selon la transparence de l’eau et par sa concentration de phosphore, de chlorophylle et de carbone organique dissous (Beaudoin, 2017). En gros, un lac peu nourri en nutriments va être en santé. C’est ce qu’on appelle un lac oligotrophe. Lorsqu’un lac est trop nourri, et donc présente un surplus considérable de nutriments, il s’agit d’une eutrophisation. Les nutriments abordés ici sont principalement reliés aux secteurs de l’agriculture, du développement urbain, la pisciculture, la villégiature, les activités industrielles et l’exploitation forestière.

Non seulement ces nutriments viennent brimer la clarté de l’eau, mais ils attirent aussi des végétaux envahissants et nocifs, par exemple le myriophylle à épi dans les eaux des Laurentides. Cette plante vole la place des plantes indigènes, ce qui vient menacer, voire détruire, l’écosystème présent. Cela a pour conséquence ultime d’accélérer le rythme de vieillissement des lacs, ce qui permet la prolifération d’algues et de plantes aquatiques. Ainsi, on peut observer sur ces plans d’eau une diminution de loisirs, ce qui vient brimer les intérêts environnementaux, économiques et sociaux des municipalités touchées (CRE Laurentides, 2018).

Le Conseil régional de l’environnement des Laurentides est un organisme à but non lucratif qui se consacre, grâce au projet Bleu Laurentides, à la sensibilisation et à la protection des eaux des Laurentides. Leur mission est de promouvoir le développement durable, de protéger et valoriser l’environnement ainsi que de favoriser l’amélioration du processus démocratique (Ibid). Les objectifs du projet de Bleu Laurentides sont:

  • Favoriser la concentration et le transfert des connaissances entre les experts
  • Renforcer les compétences locales et favoriser la prise en charge par le milieu du suivi de l’état de santé des lacs via la surveillance volontaire et le Réseau du surveillance volontaire des lacs du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC)
  • Susciter un changement de comportement chez les usagers et les gestionnaires municipaux

Grâce à plusieurs années de sensibilisation, entre autres via l’élaboration d’écriteaux sur le myriophylle à épi et sur comment nettoyer son embarcation après utilisation, Richard Carignan, biologiste et fondateur du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie et en environnement aquatique (GRIL), confirme une amélioration de l’état des lacs étudiés depuis plus d’une décennie dans la municipalité de Saint-Hippolyte (Saint-Hippolyte Belle Naturelle, 2019).

Cependant, la guerre n’est pas terminée et il est important de toujours prendre en considération notre empreinte sur la biodiversité. Je ne veux pas que le Québec soit obligé de rendre payante cette magnifique mais fragile ressource. Nous devons être conscient.e.s du privilège que nous avons d’être entouré.e.s de cette ressource en abondance et faire tout ce qu’il faut pour la protéger.

Je laisse en lien ici des documents pour vous éclairer sur les étapes à suivre pour protéger nos lacs et rivières:

BIBLIOGRAPHIE

  • CRE Laurentides : Votre réseau environnemental. Bleu Laurentides : Soutien techniques des lacs. «Municipalité de la Minerve Rapport d’Activités de l’Agente de liaison Noémie Raby-Chassé: Été 2018». 25 pages.
  • QUÉBEC: Environnement et Lutte contre les changements climatiques. L’eai au Québec : une ressource à protéger. Consulté le 9 mai 2019. http://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/inter.htm
  • RADIO-CANADA. Texte de Danielle Beaudoin. Nos lacs sont-ils en bon état?. Consulté le 24 mars 2019. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1067399/lacs-etat-quebec-eutrophisation-pratiques-agricoles.
  • Saint-Hippolyte Belle Naturelle. Résultat de l’étude du Dr. Richard Carignan. Consulté le 9 mai 2019. https://saint-hippolyte.ca/resultat-de-letude-du-dr-richard-carignan/

WWF. Mer Baltique: Écorégion marine resplendissante. Consulté le 9 mai 2019. https://www.wwf.fr/espaces-prioritaires/mer-baltique

[simple-author-box]

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here