MONTRÉAL, le 14 février 2020– Lors de son élection de 2015, le premier ministre Justin Trudeau présentait son gouvernement comme celui de la réconciliation avec les peuples autochtones. Sa stratégie était simple; coupler des excuses symboliques avec des investissements massifs auprès des communautés.

C’est donc près de 21 milliards de dollars qui ont été investis par le Parti libéral du Canada dans divers services et programmes dédiés aux Premières Nations à travers le pays. Ce montant peut sembler important toutefois, les retombées peinent à se faire sentir. En effet, de nombreuses réserves continuent de manquer d’eau potable, d’électricité de même que des logements adéquats.

Qui plus est, l’argent n’achète pas le respect. En effet, le manque de considération du gouvernement fédéral quant à la capacité d’autodétermination des peuples autochtones continue d’envenimer les relations entre le gouvernement fédéral et les diverses nations autochtones du pays.

Le blocage des voies ferrées

Le plus récent exemple de cette discorde continuelle est le blocage des voies ferrées du Canadian national. De nombreux postes ont été établis par diverses communautés autochtones en bordure du réseau ferroviaire. Ils sont situés à des endroits stratégiques notamment à proximité de Belleville, en Ontario où se situe la voie principale reliant l’Ouest canadien à l’est du Canada.

Ce chemin de fer est d’une première importance pour les groupes industriels et commerciaux canadiens puisqu’elle agit comme liaison entre l’est du Canada et le centre des États-Unis.

Une juste cause

La communauté Wet’suwet’en a mis en place ces moyens de pression afin de dénoncer la construction du projet de pipeline Coastal GasLink. Ce pipeline, d’une longueur de 670 km, vise à acheminer du gaz naturel de la région de Dawson Creek jusqu’aux installations GNL Canada situé à proximité de Kitimat en Colombie-Britannique. L’objectif du projet est de liquéfier le gaz naturel (GNL) afin de permettre son acheminement vers les marchés mondiaux et principalement la Chine.

L’entreprise derrière le projet est TC Énergie anciennement connue sous le nom de TransCanada. Cette entreprise avait, à plusieurs reprises, fait les manchettes pour son incapacité à mener des consultations publiques dignes de ce nom avec notamment le projet Énergie Est.

Ces mesures de blocage sont principalement entreprises par les Chefs héréditaires de la communauté Wet’suwet’en. Ces derniers critiquent l’accord signé entre les promoteurs du projet et les chefs élus d’une vingtaine de communautés autochtones. Ils affirment, avec raison, que le tracé du projet empiète sur leur territoire ancestral et que l’accord signé ne les concerne pas.

Une victoire possible ?

Bien que le blocage ait été déclaré illégal par la Gendarmerie royale du Canada, les revendications sont loin d’être vides de sens. En effet, les Wet’suwet’en fondent leurs arguments sur une décision faite en appel par la Cour suprême du Canada.

Il s’agit de la décision Delgamuukw qui provient d’une procédure entreprise par les chefs des Gitxsan et des Wet’suwet’en en 1984. Ils avaient alors poursuivi devant les tribunaux le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique afin d’établir leur juridiction sur près de 58 000 km2 de terres.

La Cour suprême du Canada avait alors statué que les Premières Nations avaient un droit de regard non seulement sur leur territoire, mais aussi sur l’extraction des ressources. Cette décision allait alors dans le même sens que la Déclaration des Nations Unies sur les Droits des Peuples autochtones. Cependant, elle soulignait que ces décisions devaient être prises au cas par cas afin de ne pas nuire de façon disproportionnelle au développement économique du pays. La victoire semble donc difficile mais pas impossible.

Coastal GasLink : Un projet vert ?

Les défenseurs des énergies fossiles redoublent d’ingéniosité pour convaincre le public des bienfaits de leurs projets d’expansions. Pour ces derniers l’exportation de gaz naturel liquéfié vers l’Asie représente une opportunité afin de pousser ces pays à délaisser le charbon qui se veut beaucoup plus polluant. Ainsi, exporter des ressources fossiles serait un geste « écoresponsable ».

Ces affirmations infondées ne sont que des hypothèses utopiques s’apparentant davantage à un aveuglement volontaire. Selon toute vraisemblance, une telle transition asiatique vers le GNL ne ferait qu’accentuer les exportations de charbon vers d’autres pays principalement situés en Afrique. Cette dynamique de marché s’explique par la baisse anticipée du prix du charbon qui deviendrait alors plus attrayant pour le marché africain notamment.

Un projet à oublier !

Pour le Parti Vert du Québec, ce projet se doit d’être relégué aux oubliettes. En plus de représenter un pas en arrière quant à l’autodétermination des Premières Nations, il représente un obstacle incommensurable pour l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris. Le constat est simple, afin d’atteindre nos objectifs le Canada doit se résilier à mettre un terme à tout projet d’expansion. Cela signifie que 80% des ressources pétrolières et gazières canadiennes qui ne devront jamais quitter le sol. Leur extraction représenterait une tache indélébile sur le triste bilan écologique et réconciliatoire de M. Trudeau.

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