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– Ce texte est écrit par Valérie Fortier, porte-parole en santé du Parti Vert du Québec –
Comme plusieurs autres sûrement, j’ai eu bien du mal à dormir cette nuit. Je me suis levée le dimanche 1er novembre, comme si de rien n’était, jusqu’à ce que je lise les nouvelles. J’ai été choquée, secouée, triste et angoissée et ce, tout en même temps. Bien évidemment, mes premières pensées ont été vers les personnes ayant perdu la vie d’une façon tragique et cruelle ainsi qu’aux autres, blessé.e.s inutilement et gratuitement. Je compatissais avec la famille et ami.e.s des victimes. Mais enfin, je me suis mise à penser aux gens souvent oubliés dans ce genre de situation, ceux et celles que nous prenons beaucoup trop souvent pour acquis : les intervenant.e.s de premières lignes.
Je suis paramédic depuis l’été 2014. Dans ma carrière, je me considère chanceuse. Certes, il y a eu occasionnellement des situations plus traumatisantes que d’autres et qui sortent de l’ordinaire, mais pour ma part, je me considère chanceuse. Dans le domaine, cette chance se trouve à être subjective. Ce qui touche quelqu’un n’aura pas nécessairement le même effet sur d’autres. Il est vrai qu’à travers le temps, autant policiers, infirmières et autres domaines impliqués vont se bâtir une armure, une carapace, et que leurs limites vont lentement s’alléger. Personnellement, je l’ai remarqué aussi. Je ne suis plus la même jeune femme que j’étais à 19 ans. Parfois, en fait souvent même, je m’en ennuie. Cette barrière engendre aussi une distorsion de la réalité. Un cynisme s’installe et on n’aperçoit plus le monde comme il devrait être, c’est-à-dire là où il fait bon d’y vivre.
C’est pourquoi je trouve important de soulever ce point. Ce texte m’est d’abord un besoin d’écrire pour ventiler et faire en sorte que je me sente mieux. Par contre, je crois et je souhaite qu’il soit bénéfique pour d’autres. Que vous soyez un parent, un proche, un.e ami.e ou toute autre personne touchée de près ou de loin par cet événement, certes unique mais dévastateur, s’il-vous-plaît, PARLEZ. La communication est une force à ne jamais sous-estimer. Il est impératif de ne rien laisser à l’intérieur.
D’abord, il faut se parler à soi-même. Il faut s’écouter et se respecter. Demander de l’aide est la plus grande preuve de courage que vous pouvez vous faire et faire aux autres. Dans ce processus, il est important aussi de se rappeler ce que je peux contrôler et ce qui est hors de mon contrôle. Ce triste événement isolé aurait pu arriver n’importe où et n’importe quand. Je suis d’accord et je crois que c’est ce qu’il m’effraie le plus. Pourtant, je n’ai aucun contrôle là-dessus et je ne peux vivre constamment dans la peur. En plus du contexte sanitaire actuel, nous n’avons pas besoin de ce fardeau supplémentaire. Nous n’avons qu’une vie à vivre, alors ne l’empoisonnons pas avec une peur superflue!
Ensuite, faites un retour sur la situation. Je suis certaine que vous avez fait tout ce que vous pouviez au moment de la situation. L’adrénaline s’installe, la vision tunnel est au rendez-vous. Ce n’est pas une bonne ou une mauvaise façon si vous savez que, sur le moment, vous avez réagi du mieux que vous pouviez. Des situations de la sorte n’est pas monnaie courante, alors personne n’a le droit de vous juger. Ne soyez pas trop dur envers vous-même. Aussi, lorsque vous parlez avec quelqu’un, si vous voulez pour ne pas vous sentir submergé.e par la discussion, établissez un temps limite. Comme les situations où l’on revient sur un conflit, imposer un temps limite permet de se concentrer sur les éléments importants du sujet sans y passer toute la journée. Bref, l’important est de VENTILER! Le plus tôt et le plus souvent possible!
Ultérieurement, appelez une personne significative pour vous ou un.e professionnel.le de la santé pour vous écouter. Des lignes ouvertes et des organismes sont disponibles en tout temps. Il suffit de les approcher. Votre bien-être est le plus beau cadeau que vous pussiez vous offrir. Si c’est pour quelqu’un d’autre, prenez de ses nouvelles et surtout, prenez le temps de demander comment cette personne se sent. Ce n’est pas le temps d’accepter des réponses évasives. Montrez un réel intérêt et soyez attentif aux changements d’habitudes et de comportements sur votre entourage, même en période de distanciation physique. Je me rappellerai toujours d’une phrase qu’un de mes professeurs m’a dite un jour : « ce qu’on ne cherche pas, on ne trouve pas ».
Pour finir, je ne prétends pas être une experte en psychologie ou en thérapie de mieux-être. Je suis une intervenante qui a été confrontée bien trop souvent à de la misère sociale et je veux simplement vous partager mes trucs et conseils. Cela peut fonctionner sur vous ou pas. Je tiens à vous rappeler que des spécialistes existent si vous sentez le besoin de faire appel à eux.
Quelques ressources que vous pouvez contacter :
– Maison La Vigile : 1 (888) 315-00077 ou 1 (581) 742-7001 https://lavigile.qc.ca/contact/
– Programme d’aide aux employés : 1 (800) 268-7708 ou 1 (800) 567-5803 (ATS – pour personnes ayant une déficience auditive)
– Centre prévention du suicide de Québec : 1 (866) APPELLE ou (418) 683-4588
– Ordre des psychologues du Québec : https://www.ordrepsy.qc.ca/trouver-de-aide
– Info-Social : 811