Avec Drainville, le bateau de l’éducation est en train de couler

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Récemment, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a fait une sortie très problématique qui va certainement avoir des répercussions dans les sphères sociales québécoises. Il a rétorqué, lors d’une entrevue au journal Le Devoir, que le travail de ministre ne se comparait aucunement avec le travail de professeur. La comparaison pourrait certes sembler bouetteuse, mais il ne s’agit pas de la comparaison en tant que telle sinon bien du dédain qu’il laisse entendre à l’égard des professeurs qui réclament un meilleur salaire à l’heure où les députés se votent une augmentation salariale substantielle : « Tu compares vraiment la job d’enseignant à la job de député ? T’es en train de me dire que ça se compare ? ».

 

Tout comme un bon politicien s’étant fait remettre à l’ordre parce que la déclaration pourrait porter préjudice au parti et causer tollé, il s’est rétracté de sa déclaration mais le mal était déjà fait. Bien sûr qu’il voudrait que les enseignants soient mieux rémunérés. Mais certainement pas de la même manière que les députés se sont autorisés leurs propres augmentations, non. Évidemment que ce sera sur la table de négociation entre les professeurs et le gouvernement, alors que les députés, eux, n’avaient qu’à sortir une motion afin que le tout se fasse rapidement et sans chaos. Quel bon timing afin de parler de la nouvelle réforme sur laquelle planche le ministre afin d’améliorer les pratiques des enseignants et leur formation alors que la lumière est plutôt mise sur les erreurs de parcours de celui-ci.

Rappelons que la CAQ s’est présentée, depuis les premières élections, comme le parti qui allait sauver l’éducation au Québec. Nous pouvons affirmer que le pari qu’il s’est proposé est loin d’être le pari gagnant. Depuis le début du pouvoir de la CAQ, toutes les propositions ne fonctionnent pas : nous pouvons penser à la maternelle 4 ans, qui sera finalement trop chère, au mauvais état des écoles, qui sera plutôt nié par monsieur Legault, aux enseignants qui quittent le navire par manque de soutien, au personnel d’aide enseignant, engagé aux compte-gouttes afin d’entrer dans les budgets, et à ce dernier projet de réforme sur la gouvernance scolaire donnant plus de pouvoirs au ministre de l’Éducation. Cette réforme ne sera pas autre chose qu’une autre manière pour le gouvernement que d’avoir une mainmise sur le fonctionnement des centres scolaires, au même titre que les réformes visant à centraliser le système de santé du gouvernement précédent, qui avait été un fiasco, rappelons-le.

Il n’est un secret pour personne que la CAQ n’a jamais été en accord avec les positions du Conseil supérieur de l’Éducation. Alors, quoi de mieux pour l’éviter que de se donner plus de pouvoirs afin d’éviter de devoir suivre leurs conseils ? Nous pouvons nous demander sur les instances démocratiques en éducation qui ne sont pas en train de perdre de précieux pouvoirs aux mains d’un gouvernement souhaitant contrôler mieux (ou plutôt à leur manière), le système d’éducation.

Une chose demeure certaine avec ce qui se passe en éducation présentement, c’est qu’il s’agit ici d’un important recul démocratique sur lequel nous devons nous pencher comme société. Jusqu’à quel point laisserons-nous le gouvernement s’approprier des pouvoirs qu’il enlève des mains des instances citoyennes pour finalement n’améliorer en rien la situation de l’éducation alors que le bateau est définitivement en train de couler ?

Mélissa Arbour
Porte-Parole du Parti Vert du Québec en éducation

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